Enseignement Pratiques Interdisciplinaires au collège

 Cadre du projet

Intervention au Collège Jean Monnet de Saint Jorioz (74, France) dans le cadre d’EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires), en collaboration avec Joëlle Gonnachon, professeure des Sciences de la Vie et de la Terre, et Véronique Campe, professeure d’Arts plastiques.

Objectif : Comment utiliser les émotions pour apprendre ?

Étape 1 : Modélisation du projet (2016)

Après l’acquisition d’un premier kit de peluches, Joëlle Gonnachon, a permis aux élèves d’investir le chapitre sur le système nerveux de 4e grâce à la manipulation des peluches.

 

TP 4e - modélisation synapse

Travaux pratiques

La manipulation des peluches faisait partie intégrante d’un Travail Pratique sur la communication nerveuse et la commande du mouvement après la dissection d’une tête de poisson; le but était de modéliser une synapse.

Examen visuel

Lors de leur examen, les élèves ont parfois repris le visuel des peluches pour spécifier les différentes notions acquises pendant le cours. Peluches au programme du collège

Étape 2 : Intervention d’Alicia (Février 2017)

Les bases du système nerveux

L’année suivante, Alicia est intervenue dans le collège afin de présenter les bases du système nerveux à l’aide de son matériel (peluches et peintures).   Quelques photos de la décoration de la classe pour l’intervention : Décoration classe intervention Annecy

Production plastique

Après sa présentation, la professeur d’Arts Plastiques a demandé aux élèves de faire une production plastique sur le thème « Faites passer le message », à la manière d’Alicia Lefebvre, c’est à dire « avec ce que vous avez sous la main » (pour Alicia c’étaient les éponges de sa cuisine, les cotons tiges de sa salle de bain, et des supports trouvés dans la rue). Ils avaient ainsi à disposition les éléments de leur trousse et quelques matériels des paillasses de biologie avec quelques bricoles amenées par la professeur d’SVT. [flickr_set id= »72157669100567368″] Gelan Kouvoulou, stagiaire d’Emotions Synesthètes a monté une vidéo où l’on voit les élèves en action, balbutier avec leur cartouches d’encre, pipettes, pailles, robinets des paillasses, taille crayons, doigts, avant leur « Eurêka » respectifs et splendides productions…

Et enfin ils devaient faire un compte rendu qui synthétisait le travail des deux matières; ils avaient la possibilité de présenter ce projet pour leur brevet…

Témoignage de Joëlle

Joëlle Gonnachon

Professeure des Sciences de la Vie et de la terre / Collège Jean Monnet (Saint Jorioz)

Je me suis définie une tâche, ouvrir les portes de l’école pour aller voir ailleurs et faire entrer les médiateurs des sciences qui ont un vécu scientifique et artistique marqué et qui sont des veilles numériques car ultra connectés au monde des sciences, ted talks … les sciences et les langues …

Comment utiliser ses émotions pour apprendre ? L’émotion est différente selon l’âge. Je suis en contact avec des adolescents, leur cerveau est bouillonnant pris dans un étau entre ce que l’adulte attend d’eux et leurs pairs ce que « je » suis pour eux mais aussi un zeste d’insouciance de l’enfance. Les sciences sont parfois hermétiques et leur première émotion est une évasion à une nouveauté qui peut être inhibitrice….dans un premier temps. L’émotion passe, puis l’individu est prêt à entendre les informations, utiliser les outils pour qu’ils puissent s’accaparer de la connaissance à son rythme. Des observations au microscope de neurones, des neurones peluches, le cerveau trempe dans du réel (images scientifiques), de la modélisation du réel, de l’affectif les peluches puis l’individu restitue des connaissances mais aussi exprime ses émotions (peintures, ou 3D), rigueur et liberté se côtoient voire s’affrontent en tout cas génèrent de la créativité puisqu’ils ont été inspirés au préalable par de la réalité. En observant les élèves dans leur apprentissage, je constate qu’ils ont de l’émotion à exprimer ce qu’ils ont malaxé. Moi enseignante je dois accepter le fait que la restitution ne soit pas exactement celle attendue car tous n’empruntent pas le chemin le plus structuré, ils ont aussi leur propre culture qui n’a aucun lien avec ce que l’école leur apprend, ils ont néanmoins utilisé leur expérience de leur approche des sciences donc attention l’évaluation ne doit pas être abrupte, on valide la réalité scientifique d’une « bonne » note et on oublie de valider l’utilisation d’une manière de faire « scientifique »  mais qui n’était pas le « bon » chemin et parfois ils proposent des solutions surprenantes qui ont du sens mais à voir sous un autre angle. Cependant une connexion s’est réalisée durant le cours, un message est passé, peut-être il s’est enfoui dans un quartier cérébral mais ressort plus ou moins inconsciemment au moment où on leur demande de s’exprimer avec les moyens matériels du bord et leur représentation mentale. Certains ont été surpris par un rendu esthétique, féliciter ces élèves peu scolaires est primordial pour créer de l’attachement et édifier la première couche d’estime de soi. Le retour est quand ce même individu pose une question quelle que soit la question, on a capté son attention surtout ne pas fermer les intentions. Donc les sciences, la créativité est à la portée de tous pour peu que l’on rencontre au cours de notre vie des individus qui éveillent notre curiosité qui nous mettent la main dans la pâte. Avec le temps, l’individu part avec des connaissances, des outils et du bonheur de vivre, du bien-être, ouvert d’esprit, prêt pour une nouvelle aventure. Je me suis définie une tâche, ouvrir les portes de l’école pour aller voir ailleurs et faire entrer les médiateurs des sciences qui ont un vécu scientifique et artistique marqué et qui sont des veilles numériques car ultra connectés au monde des sciences, ted talks … les sciences et les langues … Ce que j’essaie de réinvestir c’est un détachement de la lourdeur, de développer : les profs écoutent le retour des élèves dans le sens qu’on apprend aux élèves mais inversement ils nous apprennent et nous révèlent des dysfonctionnements.

Étape 2 : Intervention d’Alicia (février 2018)

L’année d’après, Alicia est venue pour un EPI Sciences de la Vie et de la Terre et musique !

 

 

Joëlle Gonnachon

Professeure des Sciences de la Vie et de la terre / Collège Jean Monnet (Saint Jorioz)

La créativité est un instant de lâcher prise qui peut conduire à des productions qui peuvent étonner celui ou celle qui les ont créées,
Les élèves ont eu la liberté de réaliser des représentations artistiques de neurones à partir de l’observation du réel au microscope (cellules nerveuses dissociées )
Ils se découvrent des capacités auxquelles ils n’auraient pas penser et donc cela engendre satisfaction et confiance en soi.
Le lâcher prise côtoie la rigueur. L’un n’empêche pas l’autre et peuvent être dissociés comme deux modes d’action différents.
L’observation du réel, l’acquisition des connaissances sur le fonctionnement des neurones peut susciter étonnement et émerveillement, étape transitoire à l’interprétation artistique où le scientifique s’autorise le droit à l’errance.
La dualité réel imaginaire peut instaurer un dialogue et ouvrir un questionnement, l’individu se construit un schéma de compréhension.
Par ailleurs cette dualité réel imaginaire facilite l’ association d’idées et aide à mémoriser des connaissances.
Après cette phase d’errance destressante, le scientifique rebondit plus facilement au recours de la méthode scientifique…

 

 

En bonus, un neurone qui part à la plage… 🙂

Neurones libérés JoËlle   Au revoir des élèves! 🙂